La Cour internationale de justice juge
illégale l'occupation
britannique des îles Chagos
Le refus de défendre la primauté du droit international est un sujet très sérieux et préoccupant
Manifestation devant le Parlement britannique après une
décision d'un
tribunal interdisant le retour des habitants des îles Chagos dans
leur
patrie, le 22 octobre 2008
LML salue la décision
rendue le 25 février par la Cour internationale de justice
(CIJ) à propos des îles Chagos. Dans une décision
majoritaire de 13 contre 1, où tous les juges des pays
de l'Union européenne (UE) ont conclu contre le Royaume-Uni, la
CIJ a jugé que
l'occupation britannique continue des îles Chagos était
illégale et a ordonné au Royaume-Uni de retourner «
aussi rapidement que possible » ces îles à la
République de Maurice. Les îles ont été
saisies par les Britanniques en 1965 et la population enlevée de
force en 1971 pour permettre aux États-Unis de construire
une base militaire sur l'île de Diego Garcia. Cette base joue un
rôle
criminel dans les efforts des États-Unis pour
l'hégémonie mondiale.
Le Parlement britannique a immédiatement
rejeté la décision. Le 25 février, un
porte-parole du Foreign Office a offert cette réponse
intéressée : « Il s'agit d'un avis consultatif et
non d'un
jugement. Nous allons bien sûr examiner le détail de cet
avis. Les installations de défense du territoire britannique de
l'océan Indien aident à
protéger les citoyens britanniques et mondiaux contre les
menaces terroristes, le crime organisé et la
piraterie. »
L'ancien diplomate britannique Craig Murray a
réagi à cette annonce en écrivant : «
Cela représente une sérieuse escalade dans le rejet par
le Royaume-Uni du multilatéralisme et du droit international et
un pas en avant vers l'adhésion au modèle
américain d'exception, qui ne relève pas de la
règle du droit international. À ce titre, il
s'agit sans doute du développement de politique
étrangère le plus important depuis des
générations. Pendant la guerre en Irak, alors que la
Grande-Bretagne avait déclenché la guerre sans
l'autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies,
elle avait invoqué un argument peu convaincant en affirmant
qu'elle détenait l'autorité du Conseil de
sécurité issue de résolutions antérieures.
Le Royaume-Uni ne rejetait donc pas carrément le système
international. Dans le cas des Chagos, il nie tout simplement
l'autorité de la Cour internationale de justice et c'est
absolument sans précédent. » (Voir
l'article ci-dessous.)
La CIJ est la plus haute instance des Nations unies. En
juin 2017, l'Assemblée générale des Nations
unies a saisi la CIJ de cette injustice de longue date commise contre
les insulaires des Chagos, à l'égard du processus de
décolonisation mené par l'ONU, par un vote de 94
voix contre 15 en faveur d'une résolution
présentée
par la République de Maurice. Dans leur communication à
la CIJ en 2018, les
avocats mauriciens ont affirmé qu'ils avaient été
contraints d'abandonner les îles Chagos, en violation de la
résolution 1514 des Nations unies de 1960, qui
interdit expressément le démembrement des colonies avant
l'indépendance.
La décision de la CIJ n'a pas un statut
contraignant, mais elle ne peut être contestée par les
Britanniques. Comme Craig Murray le fait remarquer, la Grande-Bretagne
bafoue la primauté du droit international et c'est un sujet de
grave préoccupation, car rien ne justifie des crimes contre
l'humanité commis par les Britanniques et les États-Unis
au nom de grands idéaux.
Lorsque les Britanniques se
sont emparés des îles, Diego Garcia était la plus
grande et la seule île habitée du territoire britannique
de l'océan Indien, connue sous l'acronyme «
BIOT ». Les Britanniques expulsèrent brutalement
l'ensemble de la population de l'atoll - les Chagossiens ou insulaires
de Chagos - pour faciliter l'établissement
de la base militaire américaine. Aujourd'hui, Diego Garcia est
l'une des cinq bases de contrôle du système mondial de
géolocalisation (GPS) géré par l'armée
américaine.[1]
L'île a fourni un « porte-avions fixe » aux
États-Unis lors de la révolution iranienne (1978-1979),
de l'invasion irakienne du
Koweït (1990), de l'opération Enduring Freedom (la «
guerre mondiale contre le terrorisme » de 2001
à 2014) et de l'opération Iraqi Freedom
(de 2003 à 2011). L'atoll abrite les navires du
deuxième escadron de la marine américaine responsable du
prépositionnement. Ces navires transportent du matériel
et des
fournitures pour soutenir une importante force armée avec des
chars, des transports de troupes blindés, des munitions, du
carburant, des pièces de rechange et même un hôpital
de campagne mobile. De plus, Diego Garcia a été
utilisé comme aire de stockage pour les bombes à
fragmentation américaines comme moyen de contourner la
surveillance
parlementaire britannique. Le gouvernement britannique s'est
également entendu avec la CIA pour utiliser la base
américaine aux fins de ses exécutions extrajudiciaires et
de sa torture.
Le journaliste et réalisateur australien John
Pilger a été l'un des ardents défenseurs des
insulaires des Chagos. Son film de 2004, Stealing a Nation,
a
alerté
une
grande
partie
du monde à leur sort. Pour
voir le film, cliquez ici.
Note
1. « The Mystery of Malaysia
Airlines Flight MH370 », Tony Seed, TML Weekly,
April 19, 2014
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 11 - 23 mars 2019
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illégale l'occupation : Le refus de défendre la primauté du droit international est un sujet très sérieux et préoccupant
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